jeudi, août 14, 2008

14 août 2008

-100 kg : Frédéric Demontfaucon est battu au premier tour par l’Israélien Zeevi / le Mongol Naidan Tushvinbayar emporte l’or devant le Kazakh Zhitkeyev
-78 kg : Stéphanie Possamai emporte le bonze en battant l’Espagnole San Miguel / La Chinoise Yang Xiuli est championne olympique en battant sur décision la Cubaine Castillo


-100 kg : Pas de miracle…

Avouons-le, on ne donnait guère de chance à Frédéric Demontfaucon de réussir le pari d’une accession en demi-finale : « L’ancien » Ariel Zeevi en ouverture, redoutable combattant israélien si souvent médaillé, et éventuellement le vainqueur d’un duel entre le jeune Néerlandais champion d’Europe Henke Grol et le champion du monde brésilien Correa - un duel qui fut plutôt une « boucherie », le Néerlandais joua avec le Brésilien pour deux waza-ari sur sukui-nage.
Il n’y eut ni miracle, ni même de suspense. Les deux combattants d’expérience se livrèrent un combat feutré où la première erreur fut sanctionnée et irrécupérable. Et c’est Frédéric Demontfaucon qui la commit : sur un petit balayage, l’Israélien esquiva en tsubame-gaeshi et accompagna tranquillement le déséquilibre pour pousser Demontfaucon sur le dos. Sans grande conviction, sachant déjà manifestement que le rideau était tiré, Frédéric essaya d’emballer le combat dans les trente dernières secondes qui restaient, mais c’était déjà fini.


-100 kg : Une catégorie sur le toit !

On n’y comprend plus grand chose dans ces Jeux olympiques de Pékin où les masculins Japonais, malgré la médaille d’or de Uchishiba, sont inexistants et où l’inattendu est un peu la règle. On attendait Suzuki, il est expulsé d’entrée d’un morote-gari par le Mongol Tuvshinbayar, 2e du tournoi de Paris 2008, sur un morote-gari qui le laissa presque sans réaction. En repêchages, il était jeté en uki-waza par l’Allemand Behrla avec la même facilité. Presque impensable quand on se rappelle son aura et sa supériorité il y a seulement trois ans ! Et c’est le Mongol, un « rase-motte » qui passe son temps dans les jambes, mais qui a aussi l’intelligence des décalages en corps à corps, qui sortait le Coréen Jang, un vétéran toujours aussi volontaire, et en demi l’Azéri Miraliyev. Dans l’autre tableau, le Néerlandais Henke Grol était manifestement l’homme du jour… jusqu’à ce qu’il fasse l’erreur d’aller au corps à corps en morote-gari sur le redoutable lutteur kazakh Zhitkeyev, qui le contrait en hikkikomi-gaeshi. Il allait ensuite facilement emporter la médaille de bronze avec la mine déçue d’un vainqueur potentiel frustré. À 21 ans, il a le temps de revenir et on entendra encore longtemps parlé de cet impressionnant combattant. Dans cette finale inédite, le Mongol se montrait plus actif et plus fin (si j’ose dire), soûlant son adversaire de kata-guruma sur la tête et de brusques accélérations. Après quatre médailles olympiques en 1980, 1996 et 2004, un champion olympique mongol en 2008. Encore du nouveau.
LE MONGOL TUSHVINBAYAR PROJETTE SUZUKI


-78 kg : du pire… au bronze !

Plantée. De tous les scénarii concernant l’état dans lequel Stéphanie Possamai allait aborder ses premiers Jeux olympiques, c’est malheureusement celui du stress extrême, l’empêchant de se libérer pour attaquer, qui sembla manifestement prévaloir en début de journée. Poussive sur une Argentine au premier tour, elle se sortit une première fois du piège contre la Tunisienne Miled, qui avait collecté contre elle le bénéfice de deux pénalités et de deux attaques valant koka, en finissant par un sumi-gaeshi rageur. Mais dans cette configuration, cela ne pouvait pas passer contre la Cubaine Castillo, remplaçant la grande absente Laborde (passée à l’Ouest) avec beaucoup de conviction. Toujours aussi peu inspirée tactiquement, et sans hargne, la Française laissait la jeune Cubaine se hisser vers les demi-finales à coups de sukui-nage et de harai-makikomi. Deux pénalités et deux yuko pour le compte…
Un retour possible en repêchages ? Difficile d’y croire… mais l’adversaire était accessible, même pour une Possamai petit bras : la Kazakhe Abikeya, solide, mais sans beaucoup de technique et d’intelligence de combat, mena une partie de l’affrontement, mais finit par abdiquer sur une clé de bras. Cela suffisait pour être en finale de repêchages à la coupure. Le repos allait-il être profitable ? Il valait mieux, car le petit championnat d’Europe qui s’annonçait, contre l’Allemande Wollert (championne d’Europe en titre justement) et, éventuellement, pour la place de trois contre l’Espagnole San Miguel qui avait battu l’Italienne Morico elle-même victorieuse de la Japonaise Nakazawa d’un shido, ne tolérerait aucune faiblesse. Avait-elle repris le dessus ? Ils furent nombreux à son chevet pendant cette coupure, à lui administrer la thérapie adaptée avec un unique message : « secoue-toi, tu es aux Jeux ! ». Les premiers instants du combat contre l’Allemande rassurèrent entièrement sur l’effet positive de la méthode : au bout de 15 secondes, la Française attaquait en kata-guruma, marquait waza-ari et enchaînait parfaitement au sol. Elle était enfin lancée. La place de trois fut belle. Attaquant et pressant, elle prit rapidement l’ascendant sur l’Espagnole, mais était surprise dans la dernière minute sur un seoi-nage qui valait yuko ! Le cauchemar de la 5e place frappait-il à nouveau ? L’Espagnole pourra s’en vouloir d’avoir attaqué d’un peu trop loin, et sur une combattante qui la connaît si bien, sur son mouvement favori, ko-uchi-gari. Elle fut immédiatement contrée en ko-uchi-gaeshi par Stéphanie pour waza-ari. À 26 secondes de la fin, le combat était plié et la France récoltait avec « Poposs » sa 3e médaille olympique… en attendant demain ?STÉPHANIE DOMINE L'ALLEMANDE WOLLERT
MÉDAILLE DE BRONZE !

-78 kg : le soldat Yang
En finale, on retrouvait la Chinoise Yang Xiuli, très impressionnante toute la journée avec notamment son seoi-nage tout droit debout. Mais l’étonnante Cubaine qui lui faisait face, prenait la chose à son compte et la Chinoise à la gorge. Yelennis Castillo, montée de la catégorie inférieure quelques mois auparavant (elle a gagné en février le tournoi d’Allemagne en -70 kg) et sans référence particulière dans cette catégorie (à part une victoire au tournoi B italien de Tre Torri…) ne faisait pas de syndrome chinois. Elle enclenchait la machine et tenait tête physiquement au soldat Yang dans une finale qui dura dix minutes. La Chinoise n’attaqua pas et ne fut pas sanctionnée. Par deux fois, la Cubaine marqua un koka qui lui fut refusé, le second par les juges de table, et de façon très contestable. Elle perdit enfin une décision partagée où seule Cathy Mouette sur la chaise eut le courage de lever son drapeau pour elle. Nos félicitations pour cette marque de rigueur et d’éthique dans un domaine (l’arbitrage du judo) de plus en plus flou…YANG ATTAQUE CASTILLO EN FINALE