mardi, août 12, 2008

12 août 2008

-63 kg : Lucie Décosse est battue en finale par la Japonaise Tanimoto, sur un pion d’anthologie.
-81 kg : Anthony Rodriguez est battu au premier tour par le Cubain Oscar Cardenas et n’est pas repêché / l’Allemand Bischof domine le Coréen Kim Jae-Bum en finale


-81 kg : Anthony était ailleurs
Il n’était pourtant pas trop impressionnant en termes de palmarès, ce Cubain Cardenas, qu’on avait un peu vu en 2006 faire un podium à Tbilissi et à Hambourg, et puis plus grand chose. Sur les grands événements, il avait été battu au premier tour des championnats du monde 2005 par le Belarus Abdulganilov, à ceux de 2007 par l’Algérien Zemmouri… Il fera un peu mieux en 2008, car c’est lui qui bat d’entrée le Français Rodriguez, avant de prendre l’eau au tour suivant sur le Portugais Neto qui lui marque sur un beau sode-tsuri-komi-goshi. Anthony Rodriguez n’aura, à aucun moment, trouvé les moyens de s’opposer à ce pourtant modeste adversaire. Peu inspiré sur le plan technique, il se jettera beaucoup sur le dos, sans conviction et sera dominé dans tous les secteurs, y compris, c’est un comble, dans celui de l’agressivité. En court de route, le Cubain parvient à marquer yuko sur o-uchi-gari et waza-ari sur sumi-gaeshi. Malgré sa volonté de bien faire, son désir d’aller au combat, manifestement, comme cela c’était clairement vérifié lors de ses tournois de préparation et lors des championnats d’Europe, Anthony n’est toujours pas revenu de Rio, et de sa médaille mondiale.
Plus haut, et plus fort ce jour-là, deux hommes paraissent se frayer un chemin vers la finale. Le champion du monde brésilien Tiago Camilo, étincelant contre le Japonais Ono, presque ridiculisé par la classe du Brésilien – ko-uchi-gari, kata-gurma, uchi-mata-sukashi… - et le jeune Coréen Kim Jae-Bum, moins brillant que Wang (-73 kg) et plus tendre physiquement, mais inarrêtable sur le rythme et les techniques de jambe. C’est dans la douleur, mais avec une volonté sans faille qu’il passait certaines des plus grandes pointures du championnat, comme le Portugais Krawczyk, le Portugais Neto. Surprise en quart, Camilo s’effondrait devant l’Allemand Bischof, comme déstabilisé par la résistance imprévue, la force physique et la bonne technique du Germain champion d’Europe en 2005 déjà. C’est en demi-finale que la compétition se décida. Si l’Allemand passait sans briller mais sans trop souffrir l’Ukrainien Gontyuk (qui allait au bout de lui-même en place de trois et chipait le bronze au Mongol Damdinsuren), le Néerlandais Elmont, champion du monde en 2005 et médaillé à Rio en 2007, fermait totalement le combat contre le petit diable Coréen Kim. Ce qui avait pour résultat d’amener les deux hommes au bout de la prolongation et à un seuil si critique d’engorgement lactique qu’ils ne s’en relevèrent ni l’un ni l’autre. Victorieux, le Coréen fit illusion dans la première partie du combat, mais céda à l’impact de l’Allemand. Quant au Néerlandais, il lui fallut s’asseoir, pour monter sur l’estrade où étaient posées les surfaces de combat ! C’est Camilo qui en profitait pour emporter sa deuxième médaille olympique.

RODRIGUEZ S'INCLINE DEVANT CARDENAS
OLE BISCHOF, CHAMPION OLYMPIQUE !

-63 kg : Si beau, si cruel
Passons rapidement sur les « détails ». Il fut très vite évident que les deux meilleures combattantes de la catégorie (et sans doute du monde), étaient parfaitement prête à relever le défi de l’or olympique. Pour Lucie, hiza-guruma et juji-gatame (!) portée quasiment debout contre Zolnir, balayage à la volée (koka) et un contre presque négligent (yuko) sur une fausse attaque en seoi-nage de la jeune Israélienne Schlesinger, uchi-mata en reprise de garde contre l’Allemande Von Harnier. Enfin une véritable raclée administrée en demi-finale contre la Coréenne du Nord Won Ok-Im (victorieuse de la Néerlandaise Willebordse et futur 3e), prise dans le tourbillon des attaques de la première jambe enchaînées en o-uchi-gari et uchi-mata. Quant à la Japonaise Tanimoto, elle n’était manifestement pas touchée par la « timidité » de certains de ses camarades d’équipe et ne craignait personne. Même pas son bourreau des championnats du monde, la Cubaine Druilis Gonzales, qu’elle rencontrait en demi-finale après avoir dominé la Vénézulienne Baretto et la Coréenne Kong au sol. En difficulté à Rio contre cette combattante, elle fut intouchable à Pékin, la projetant sur o-uchi-gari avant de la fixer au sol elle aussi. Comme espéré, les deux « reines » en pleine maîtrise de leur talent étaient en finale. On pouvait estimer que le pari olympien de Décosse était bien engagé : depuis bien longtemps, depuis leur première confrontation en demi-finale des championnats du monde juniors 2000, Lucie domine leurs duels – notamment en finale des championnats du monde 2005 et à la Coupe du monde par équipes 2006 — et cela se conclut toujours par un ippon. Tanimoto, championne olympique en titre, pouvait-elle renverser la tendance ? Hélas, elle le fit. Alors que le combat était engagé sur des bases impressionnantes - Tanimoto active et dangereuse, Lucie répliquant avec le même impact - la Française passe soudainement à l’offensive sur son o-uchi-gari-ken-ken explosif. La Japonaise subit l’impact, plit sans rompre, flotte d’abord, puis dégage sa jambe malgré la poussée de Décosse dans un sursaut très aérien et relance en uchi-mata en profitant de l’engagement de son adversaire. Et Lucie, comme dans un (mauvais) rêve, plane et tombe sur le dos sans violence, mais sans rémission. Le ippon était parfait, sublime du début à la fin, y compris l’attaque de départ. Le public est debout pour applaudir la Japonaise exultant sa joie devant les photographes, et sa victime, la Française assise les yeux dans le vague, encore incapable d’assimiler ce qui venait de se passer. Ce qui venait de se passer ? En un instant d’anthologie qui restera longtemps vivace dans l’histoire du judo, l’avènement définitif au panthéon des légendes, d’une immense et magnifique championne, la désormais double championne olympique Ayumi Tanimoto. Dans le même temps, il faut bien se l’avouer, elle prenait définitivement le dessus sur sa « sœur » française, celle qui l’avait privé du titre mondial en juniors et en seniors. Lucie Decosse n’entre pas dans le cercle très fermé des championnes olympiques. Elle devra remettre le couvert, faire l’effort encore une fois, dans quatre ans, à Londres, comme elle l’annonce (voir par ailleurs). Ce sera dans une autre catégorie, et une autre histoire.





IMAGES DU JOUR...
LES JEUX...TANIMOTO, REINE AU SOL

DECOSSE SURCLASSE L'ALLEMANDE VON HARNIER

BISCHOF DOMINE CAMILO
L'UKRAINIEN GONTYUK BAT LE BRITANNIQUE BURTON
CAMILO GAGNE LE BRONZE DEVANT ELMONT