samedi, août 09, 2008

Samedi 9 août 2008

-60 kg : Dimitri Dragin finit 5e / Le Coréen Choi l'emporte en finale sur l'Autrichien Paischer
-48 kg : grosse déception pour Frédérique Jossinet battue d'entrée / La Roumaine Dumitru l'emporte en finale sur la Cubaine Bermoy


-48 kg : Jossinet, le pire moment de sa carrière
Comme toujours pour ces grands événements, les couloirs des hôtels et du « MPC » (Centre de Presse) bruissaient la veille des spéculations des nombreux journalistes présents se familiarisant avec les tableaux tout chauds. Pourtant, en évoquant le tirage plutôt intéressant de Frédérique Jossinet, personne n’eut l’idée de dire : « attention à cette Nurgazina », personne n’imagina une seconde ce qui allait arriver à la championne française si expérimentée, si fiable. Ce fut, comme l’exprima très bien par la suite une Cathy Fleury effondrée, « ultra-violent et ultra-rapide ». Bien entrée dans ce combat contre une fille qu’elle connaissait pourtant bien pour l’avoir encore battue par ippon au tournoi de Paris 2008, Frédérique se faisait prendre sur un sukui-nage qu’elle ne gérait pas et s’effondrait sur le dos au bout de 26 secondes ! Quatre ans de patience évanouis en un instant, quatre ans de souffrance rendus soudain inutiles, d’autant que, prise de la bonne façon par son adversaire suivante la solide Coréenne du Nord Paks (puis en repêchages par la Portugaise Hormigo), La Kazakh Nurgazina sortait du jeu, sortait des Jeux, entraînant la Française avec elle. Dur, vraiment très dur pour une combattante qui, comme elle l’avouait elle-même « n’est pas habitué à ça ». En effet, c’est bien la première fois que la Française, si souvent battue par plus forte qu’elle, la Japonaise Tamura, cinq fois (!), s’incline si sèchement sur une fille tellement moins classée qu’elle. Sa dernière grosse déconvenue remontait à 2005, où elle avait laissé la jeune Cubaine Bermoy lui souffler le titre, mais c’était en finale et c’était Bermoy.

-48 kg : Tamura battue !
Et où en étaient-elles, ces deux autres favorites du jour ? C’était très prudent pour l’une comme pour l’autre, mais solide au poste. Bien qu’un peu moins virulente qu’à son habitude, Bermoy était en demi, face à la Coréenne du Nord Paks, après avoir battu notamment les deux Européennes BOgdanova (RUS) et Baschin (GER). Quant à la star japonaise, elle avait impressionné en dominant en mort subite la Chinoise Wu sur un splendide ko-soto-gari et contrôlé l’étonnante Argentine Paretto. Paretto ? « L’esprit du Judo » avait suggéré que c’était le « mauvais tirage ». Ce fut le cas en effet ! Elle allait remonter les repêchages, face notamment à l’excellente Hongroise, puis prendre le bronze à la Coréenne du Nord Paks – battue facilement par Bermoy - sur un joli contre à six secondes du gong ! Une seconde, et très belle surprise, avec la première médaille argentine en judo aux JO… La première surprise ? La défaite de Tamura en demi-finale contre la Roumaine Dumitru. On pressentait que cette Roumaine, régnant depuis quatre ans sur l’Europe, puisse être un danger pour la Japonaise, qui l’avait cependant très bien gérée avec son o-soto-gari à Rio. En début de journée, la Roumaine s’était montrée très sûre d’elle, très droite et efficace contre toutes ses adversaires. Cette fois encore, Tamura-Tani jouait le o-soto-gari, mais Alina Dumitru contrôlait les premières tentatives et prenait alors, d’un rien, l’avantage avec sa garde de droitière puissante derrière la nuque que la Japonaise s’employait à casser. D’abord tenté de pénaliser pour « non saisie » (car les deux combattantes fermaient complètement le débat) uniquement la Roumaine, mais désavoué, l’arbitre central choisissait de ne pénaliser quelques secondes plus tard que la Japonaise. Laquelle restait deux secondes interdite, regardant les arbitres de coin. Le scandale n’était pas flagrant cependant et force fut à la multi-médaillée de tenter de remonter ce retard dans les trente dernières secondes. Elle trouvait de la ressource et de l’impact, assez pour faire regretter qu’elle ne se soit pas livrée plus tôt. Mais pas assez pour marquer dans ce laps de temps. Battue d’une pénalité… triste sortie pour Tamura-Tani, qui ne sera finalement pas la première féminine du judo à tripler le titre olympique (la marque symbolique du doublé, qu’elle est seule pour l’instant à avoir réussi chez les féminines, reste à la portée de la Chinoise Xian en -52 kg, de la Coréenne du Nord Kye (-57 kg), de la Cubaine Gonzales en -63 kg, mais aussi de ses trois compatriotes : Tanimoto en -63 kg, Ueno en -70 kg et Tsukada en +78 kg). Il n’était pas dit que Tamura partirait sur une mauvaise impression : en place de trois, elle réussissait un incroyable harai-goshi, comme à ses plus beaux jours, sur la Russe Bogdanova. Nostalgie, déjà…





DUMITRU DOMINE TAMURA


HARAI-GOSHI D'ANTHOLOGIE DE TAMURA POUR LE BRONZE


Et c’est finalement Dumitru qui allait affirmer qu’elle était bien devenue la reine de la caté en « démolissant » littéralement la Cubaine, qui prenait un premier waza-ari sur son spécial : un te-guruma très rotatif en contre de garde croisée, avant d’en prendre un autre sur o-soto-gari. Impressionnante démonstration de force, magnifique avènement et troisième surprise : le premier titre olympique roumain du judo.


-60 kg : C’était tout près pour Dragin…


DRAGIN-SOBIROV

Au début de la compétition, on ne misait pas beaucoup sur ses chances, au vu de ses dernières prestations et de son tirage copieux. À la fin, on était frustré de voir la première médaille française s’échapper, après avoir vu le Français se hisser brillamment en demi-finale.
Premier marche franchie d’entrée par Dimitri face à un ogre, le finaliste des derniers Jeux et des derniers championnats du monde, le Géorgien Khergiani. D’abord à l’aise au point de marquer un koka sur un changement de direction dans un seoi-nage enchaîné dans les jambes, Dragin plongeait un peu par la suite et faisait craindre un retour de son adversaire et une défaite, comme à Rio… mais attaqué une nouvelle fois dans les jambes, il contrait avec vista en seoi-nage pour waza-ari. L’Israélien Yekutiel devait être un ton en dessous : Pourtant, c’est lui qui menait d’un shido jusqu’à six secondes de la fin. Un dernier coup de force du Français qui enchaînait seoi-nage et balayage pour koka, le ramenait dans le combat. Au golden score, il contrait une attaque en kata-guruma en uchi-mata avec beaucoup de netteté. Pourtant champion d’Europe 2007, le Russe Kishmakov, avec son style de samboiste – main au revers et kata-guruma constant – ne parvenait pas à prendre le dessus sur le Français, qui trouvait encore fois l’ouverture par deux fois sur la technique du jour, un mouvement d’épaule enchaîné en « coup de patte ». Et Dragin était en demi-finale.
Face à lui : Paischer. L’Autrichien champion d’Europe avait réglé Craig Fallon et le Coréen du Nord Kim à coup de sumi-gaeshi et de kata-guruma. Rien de bien excitant, mais une tactique d’attaque en première intention dès l’avancée de l’adversaire particulièrement efficace. Comme on pouvait le craindre, elle allait être efficace aussi contre Dragin, malgré une bonne première minute où il sembla être capable de faire avancer l’Autrichien et de le déstabiliser. Mais la machinerie bien en place de Ludwig Paischer fut implacable. Il parvenait à bloquer toute tentative de saisie de Dimitri et s’installait dans une série d’attaques minuscules qui finissait par lui obtenir le shido recherché. Tourmenté au sol, notamment sur une clé de bras en ude-gatame sur laquelle il ne tapait pas, Dragin cédait sur le gong en osae-komi… Il fallait s’y remettre très vite et c’est ce qu’il ne parvenait pas à faire. Un ton en dessous face au méconnu Ouzbek Sobirov, vice champion d’Asie 2007 (et champion d’Asie juniors 2005), Dragin laissait un peu le combat filer, non sans combattre, mais avec moins d’impact et d’idée. Un koka au passage pour l’Ouzbek et puis voilà. La médaille partait à l’Asie. En demi vingt minutes plut tôt, Dragin finissait cinquième. Rageant.

-60 kg : Choi, le choc !
Qui sortait du chapeau, dans cette catégorie infernale ? Finalement pas l’autrichien Paischer… Le Japonais Hiraoka, si attendu ? Il avait été battu sur un shido dès le premier tour par l’Américain Williams-Murray ! C’était le champion du monde néerlandais, toujours aussi fastidieux, qui parvenait en demi-finale – non sans avoir souffert en quart contre l’excellent Vénézuélien Guedez-Sanchez ! Il n’allait pas peser lourd face au turbo du jour : l’incroyable Choi, champion du monde 2003, 3e aux Jeux d’Athènes 2004 et encore 3e à Rio l’année dernière. Cette fois, il fut à nouveau irrésistible, dominant trois adversaires sur d’étonnants seoi-nage, avant d’expédier le tacticien Houkes sur un sukui-nage. En finale, il n’allait pas laisser Paischer faire son numéro. Il le bousculait, enchaînant les gestes avec autant de précision que d’agressivité, pour finir par une merveilleuse série ponctuée en ko-uchi-gari, puis en sukui-nage sur lequel Paischer parvenait à réchapper en se jetant à plat ventre. Mais le Coréen ne le lâchait pas : il engageait son bras entre les jambes du Néerlandais et le retournait sur le dos comme une crêpe !La sensation du jour. Et un Coréen qui pourrait bien indiquer la forme générale de cette équipe très attendue. À suivre…



CHOI PROJETE PAISCHER EN FINALE

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Est-ce qu'on sait si Hiraoka était au top de sa forme aujourd'hui ? Il s'est blessé juste avant le début des Jeux ? A t-il vraiment récupéré de cette blessure ou sa défaite est due uniquement à son incaapcité à trouver la clé contre l'Américain ?

5:52 PM  
Blogger L'Esprit du Judo said...

Hiraoka n'était sans doute pas au mieux, mais je crois qu'il a subi la pression des Jeux. L'Américain a passé son temps à l'empêcher de poser sa main droite au revers et Hiraoka a attendu qu'il se passe quelque chose. Il a vraiment été l'ombre de ce qu'il a montré à d'autres moments. Les Jeux...

5:40 PM  

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