vendredi, août 15, 2008

15 août 2008, dernier jour !

+100 kg : Battu d’un shido au golden score par l’Ouzbek Tangriev, Teddy Riner emporte la médaille de bronze devant le Géorgien Gujejuani / le Japonais Satoshi Ishii devient champion olympique devant Tangriev
+78 kg : Anne-Sophie Mondière est battue par la Japonaise Tsukada est en finale de repêchages par la Mongole Dorjgotov / La Chinoise Tong devient championne olympique en battant la Japonaise Tsukada à 8 secondes de la fin du combat


+78 kg : Tsukada, c’est trop fort
Solide l’Ouzbek Shekerova, vice-championne d’Asie, mais pas assez pour empêcher Anne-Sophie de la jeter sur le dos en contre pour ippon. C’est bien parti. Le vrai moment décisif est pour tout de suite: la Japonaise Tsukada est là, favorite, avec son judo à la fois « bloc » et technique. On va savoir. Deux minutes durant, la Française tient la Japonaise à bout de bras et sur une belle attaque en seoi-nage, lui marque même koka ! Mais la pression devient étouffante. Tsukada finit par parvenir à fixer la tête d’Anne-Sophie de sa main droite et à lancer un lourd harai-goshi pour ippon. Encore trop juste, Anne-Sophie pour une adversiare de ce calibre, championne olmpique en titre…

+78 kg : Une erreur qui se paye cash
Il faut se remobiliser pour tenir l’objectif d’une médaille. La Mexicaine Zambotti (qui a battu tout de même l’Anglaise Bryant par deux yuko) n’est pas un gros obstacle sur ce chemin. Elle est battue par ippon sur seoi-nage encore. Et c’est la pose. Longue. Trop longue pour Anne-So qui n’aime pas trop les reprises. La Mongole Djorgotov est une cliente, mais dans les prix d’Anne-Sophie, qui doit pouvoir gérer a-priori cette fille puissante qui n’a de référence qu’en Asie (et encore, elle n’a jamais gagné) et une 7e place à Rio en Open. Le combat sera court, mais pas dans le sens attendu. Au bout d’une minute sans action significative, la Mongole monte durement sa main gauche par-dessus l’épaule de Mondière, qui n’a pas le réflexe salvateur de se dégager immédiatement (en repassant le bras à l’intérieur pour repousser, par exemple). Pendant une seconde, elle accepte la posture et place sa main droite au flanc de la Mongole qui la déplace dans son sens, la main à la ceinture. Erreur fugitive… mais erreur définitive et sanctionnée immédiatement par une attaque de hanche en o-tsuri-goshi de la Mongole, qui soulève la Française du sol et la plante irrémédiablement. Les Jeux sont finis pour Anne-Sophie,. Ses premiers (c'était Cicot en 2000, Bisseni en 2004) et ses derniers sans doute. Dommage vraiment pour cette excellente combattante qui n’avait pas lâché grand chose depuis trois ans, trois médailles mondiales et trois titres européens à la suite…

+78 kg : Tong Wen fragile !

Comme prévu, les deux meilleures du monde se retrouvent en finale. La Japonaise Tsukada, championne en titre, vraiment convaincante dans son parcours, la numéro un mondiale, la Chinoise Tong Wen, beaucoup moins à l’aise qu’à l’habitude, malgré son travail de bulldozer au sol. Et c’est la Japonaise qui fait le combat, tenant sa surpuissante rivale à bout de bras, l’agressant à chaque reprise au point de la déstabiliser. Tong Wen cherche son coin du regard et Tsukada marque yuko sur un ko-uchi-gari ! Malgré un shido arbitraire (c’est le cas de le dire), la Japonaise tient le score d’autant mieux qu’elle continue à mettre la pression. La Chinoise cède dans les dernières secondes, au point que Tsukada, sentant la chose possible, change de garde, passant du revers au col, pour une apothéose : marquer ippon à Tong ici devant son public… et la Chinoise à la mort lance son corps dans le trou qui vient de s’ouvrir, un seoi-nage de la dernière chance, déroulant lentement son adversaire sur le dos pour un ippon (généreux). Il restait huit secondes, huit secondes pour battre Tong à Pékin, donner un large leadership à l’équipe féminine, confirmer celui du Japon sur ce tournoi terrible, faire un doublé historique, s’affirmer pour la première fois comme supérieure à la féroce Tong et casser pour la seconde fois la mainmise de la Chine sur cette catégorie aux Jeux… Tsukada paye un peu cher l’euphorie d’un instant.

+100 kg : Et une médaille de plus !

Le Tunisien Chedly, un bon combattant qui gagna le tournoi de Paris 2005, servit à tout le monde de « baromètre Riner ». Yuko au golden score sur un o-soto-gari à une main, de quoi mesurer que le Français n’avait pas la vista des grands jours, ne passait pas à travers ses adversaires. Ce fut pourtant le cas avec Kazakh Ikhsangaliyev, au palmarès international absolument vierge et battu rapidement d’un grand o-soto-gari. On supputait de l’état de forme du vieux briscard ouzbek Tangriev, plusieurs fois médaillé mondial, qui sortait d’un golden score contre le lourd Polonais Wojnarowicz. C’était bon pour Riner. Mais dans leur combat déjà décisif en quart, le jeune Français se montrait à nouveau timide, se cantonnant dans un premier temps sur une saisie au revers de la main droite en miroir de Tangriev qui saisissait de la main gauche. Prudence et tactique, pour éviter le très fort sode du lutteur… mais il aurait fallu au moins lancer de temps en temps, pour briser la posture adverse, ce que faisait l’expérimenté Ouzbek assez régulièrement à grands coups de hanche. Un faux rythme s’installait, arrangeant bien Tangriev qui n’aurait sûrement pas pu tenir une véritable pression physique du jeune Français. Golden score… Teddy Riner persistant à ne pas presser en prenant haut, à ne pas mettre de rythme, ni à tenter d’aller chercher la manche en passant par une saisie double au revers, ni même à attaquer le premier. Pression des Jeux, quoi qu’il en dise. Au golden score, Abdullo Tangriev, encore frais, comprend qu’il a sa chance et redouble ses attaques de hanche avec un appui sur le bras pour jeter Teddy au sol. Trois fois de suite, l’arbitre ne réagit pas. Une quatrième fois… Cette fois le shido devient inévitable. Le jeune champion du monde français n’allait pas être champion olympique cette année.
Comme souvent, la défaite relâchait la pression et on retrouvait assez vite le Teddy des bonne heures. Encore moyen sur l’Allemand Toelzer, qu’il se contentait de sortir d’un yuko sur sumi-gaeshi (une nouvelle arme dans son arsenal), il était parfait sur le Brésilien, que beaucoup voyait en empêcheur de tourner en rond : ippon sur harai-makikomi en une minute ! On le sentait bien lancé et son jeune rival européen, le Géorgien Gujejuani, n’y pourrait rien en place de trois. Il tombait pour yuko sur une longue technique de jambe et se voyait fixer au sol pour le compte sur un hon-gesa-gatame de club. Comme le dit lui-même le benjamin de l’équipe de France, 19 ans, finalement « pour un junior, je ne m’en tire pas si mal ». On peut le dire.

+100 kg : L’avènement d’Ishii

Pour Tangriev, c’était la consécration d’une première finale olympique, après sa victoire sur le Cubain Breyson, inattendu demi-finaliste après sa victoire sur un Schlitter (BRA) en petite forme. Mais dans l’autre tableau, la petite meule Ishii, bien en rythme et concentré sur les mains, avançait sans faiblesse. Tai-otoshi et uchi-mata pour ippon sur l’Italien Bianchessi, o-uchi-gari pour ippon sur l’Egyptien El Shehaby, osae-komi sur le Russe Tmenov et osae-komi encore dans les dernières secondes sur le Georgien Gujejuani, après avoir marqué sur o-uchi-gari. Le Jeune Ishii ne commettrait pas en finale l’erreur de Riner et se contentait d’accumuler les attaques prudentes pour faire pénaliser deux fois son adversaire. À 21 ans, le champion du monde juniors 2004 emporte son premier titre international, pour sa première sélection. Il n’est pas douteux qu’on devrait le revoir. Et son chemin, une prochaine fois, devrait bien croiser celui de Teddy Riner. À suivre ?

Le Japon encore devant
Avec ces deux dernière médailles, le Japon, deux médailles masculines et cinq médailles féminines, (trois finales, deux médailles d’or), termine première nation. Discuté, humilié parfois, tourmenté souvent, mais premier.

Les trois médailles d’or féminines chinoises
leur garantissent la deuxième place au classement des nations et une première place chez les féminines devant le Japon – qui perd gros avec « l’erreur » de Tsukada.

Cuba étonne
en affirmant la continuité dans le changement chez les féminines, malgré le départ de Laborde, avec quatre belles médailles, trois finales. Ne lui manque que l’or. Deux médailles chez les garçons ajoutent à cette superbe réussite un parfait de triomphe.

En Europe, les cinq médailles des Pays-Bas
, malgré l’échec de Huizinga, impressionnent. Mais comme aux Français, il leur manque l’or.

Quatre médailles, pas d’or, la France a un bilan mitigé
, décevant au regard du potentiel de l’équipe féminine, qu’il faudra approfondir. Dixième au classement des nations, elle flotte toujours au nombre de médailles, à égalité avec la Chine (trois or, une bronze uniquement chez les féminines) et l’excellente Corée (une or, deux argent, une bronze – trois finales masculines…) derrière le Japon (sept médailles, quatre or, une argent, deux bronze), Cuba et les Pays-Bas.