vendredi, septembre 14, 2007

C’est (re)parti !

Après 6 heures de galère face à des techniciens impuissants, nous revoilà ! – même s’il va falloir attendre encore pour les photos, lenteur du signal oblige ! Les connexions sont de retour et nous allons enfin pouvoir vous en dire un peu plus sur cette matinée qui a vu Teddy Riner réaliser exploit sur exploit !

Incroyable Riner
En découvrant les tableaux, on pouvait s’interroger sur la capacité de Teddy Riner a réaliser les travaux d’Hercule : sa majesté Inoue au premier tour et pour suivre, au cas où, le terrible Biélorusse Rybak et son infernal sumi-gaeshi.
Face à Inoue, Teddy, 18 ans, montrait l’étendue de sa confiance. Droit comme son adversaire, il le toisait d’une tête et le mettait en difficulté sur ses attaques en « galop de cheval ». Inoue apparaissait alors petit pour la catégorie et semblait avoir du mal à résister au poids du bras droit du jeune Français. Un peu paralysé, il se montrait quand même très dangereux à quelques reprises, notamment sur une attaque en uchi-mata rotatif ou Teddy s’affalait à plat ventre. Il restait deux secondes au compteur. Inoue attaquait alors sur son o-uchi-gari et Teddy était déséquilibré… mais dans le mouvement, sa main gauche puissamment arrimée dans le dos du Japonais, il lançait un mouvement de contre ! Un sasae qui terminait en tani-otoshi. Action confuse… mais l’arbitrage décidait de donner yuko au Français. Cela paraissait légitime. Le jeune champion d’Europe français Teddy Riner, 18 ans aux fraises, venait d’abattre la légende Inoue !
Au second tour, Rybak le Biélorusse inquiétait car il restait sur une victoire au tournoi de Paris (où il avait fini finaliste face à Inoue) devant le Français… et d’entrée, tout en détermination, il parvenait à surprendre Teddy et à marquer sur son mouvement favori. Mais Teddy Riner a des ressources étonnantes. Très vite, il prenait le dessus physiquement, obligeant son adversaire à fuir son kumi-kata de fer. Et il trouvait l’ouverture sur un o-uchi-gari « inouesque », un maître mouvement tout en maîtrise qui plaquait le Biélorusse sur le dos.
Après deux exploits de ce format, qui pouvait arrêter Riner ? On ne voyait pas l’Allemand Toni Bierau dans le rôle. Quoique… Préféré au champion d’Europe 2006 Toelzer, celui-ci est en effet de la même génération que le Français et avait trouvé les moyens de dominer Riner par deux fois en tournoi juniors avant de perdre en finale du championnat d’Europe juniors 2006 et encore aux championnats du monde la même année. Teddy se montrait donc prudent, un peu gêné par le kumi-kata appliqué de son adversaire qui lui bloquait sa main droite tentait les contres à fond et passait son temps à sortir du tapis. Les deux jeunes gens se retrouvaient finalement au golden score et c’est là que le Français décidait de prendre son destin en main : un puissant o-soto-gari qui cette fois bloquait Bierau. Teddy s’enroulait, le score était inévitable. Ippon, et le jeune Allemand grimaçait de douleur, genou touché…

Teddy Riner, pour sa première participation aux championnats du monde, se retrouve en demi-finale.
Face à lui ? Un Chinois encore plus grand que lui, Wei Xiangjun, 2m10, une « arme secrète » qu’on n’avait encore vu nulle part et qui a dominé des combattants de belle valeur comme le Cubain Braison, le Tunisien Chadly, l’Estonien Padar… mais rien d’aussi relevé que le Français et en allant au bout de lui-même physiquement contre l’Estonien. On ne vendra pas la peau de l’ours, mais il faudra qu’il se donne à fond pour inquiéter Riner.
Se profile aussi le formidable judoka russe Tmenov qui a tout gagné par ippon, notamment ses combats contre le Georgien Gujejuani et le Néerlandais Van der Geest et qui paraît terrible. Il est en demi-finale face à l’excellent Brésilien Joao Schlitter, superbe jusque-là.
Allez, on y croit !

Fred Demontfaucon rate son pari
Pourtant il paraissait à l’aise face à ce Polonais Matijaszek, un rude client qui avait gagné le tournoi de Tchéquie face au Russe Gasymov, mais que le Français avait battu par ippon sur les championnats d’Europe. À son habitude, il déstabilisait son adversaire par son kumi-kata et son jeu de jambe, main secouant le revers et pied attaquant sans cesse la jambe avancée… mais le Polonais s’engageait soudain dans un seoi-nage à genoux suffisamment profond pour entraîner Demontfaucon et finalement le dérouler sur le dos pour waza-ari. Il restait moins de trente secondes et les efforts du Français furent vains. Le Polonais était battu par la suite par le Géorgien Zhorzoliani. L’aventure en –100 kg de Frédéric Demontfaucon sur les championnats du monde s’arrête là.

Anne-Sophie Mondière en demi-finale !
Elle est au top ! C’est sans avoir fait frémir une seule fois ses supporters qu’Anne Sophie Mondière s’est hissée jusqu’en demi-finale. La lourde équatorienne Chala ne résistait pas à un renversement au sol par le coude très bien maîtrisé à la sortie de la première minute, la puissante Biélorusse Barysik faisait pression, mais prenait un shido de retard avant de chuter sur un avant-arrière en seoi-nage à genoux / kibisu-gaeshi (contre en ramassant le talon) qui valait yuko à la Française. Preuve de son excellente forme, elle expédiait ensuite sa plus forte rivale européenne depuis deux ans, la Néerlandaise Uilenhoed par un sukui-nage valant ippon.
Mais le championnat commence vraiment ! Car il lui faut maintenant faire face à « l’ogresse » de la catégorie, la dernière en date d’une longue liste de championnes du monde chinois, Tong Wen, sacrée en 2005. Cette dernière a encore une fois tout déménagé avec ses makikomi de rouleau compresseur et ses enroulements au sol incroyables de puissance. Quelle solution pour Anne-Sophie, qui n’est jamais parvenu à battre cette colossale Chinoise ?

Stéphanie Possamai, ne passe pas loin
Dans la salle d’échauffement, déjà, elle paraissait stressée, et son premier combat confirmait cette impression. L’Allemande Wollert, une pointure de la catégorie inférieure, menait plutôt les débats. La Française se secouait de sa torpeur, comme l’incitait Cathy Fleury sur la chaise, et passait un eri-tai-otoshi / yama-arashi qui lui valait un yuko et la victoire. La Mongole Purevjarga Lkhamdegd, deuxième des championnats d’Asie, faisait elle aussi belle impression sur la Française. Mais celle-ci, dans son style un peu « par en-dessous », laissant l’adversaire dans une position apparemment dominante pour mieux le surprendre, la transperçait d’un o-soto-otoshi pour yuko puis waza-ari. Rebelote en quart face à la Coréenne Jeong Gyeong-Mi, championne du monde universitaire ? On pouvait y croire, car les o-soto-gari de l’Asiatique ne semblait pas déstabiliser notre championne d’Europe. Mais l’arbitrage décidait de lui donner un shido de retard pour non combativité et son adversaire la surprenait en changeant de direction, la déroulant pour waza-ari sur un mouvement d’épaule. Stéphanie Possamai reprenait l’initiative, et parvenait même à marquer yuko mais ne revenait pas.
Elle se hissait en finale de repêchages en dominant la Portugaise Ramirez par waza-ari complété au sol. Il lui reste la Tunisienne Houda sur sa route et un combat difficile pour la médaille de bronze. Tout reste possible…