lundi, avril 09, 2007

Les réactions des Français





Teddy, centre de l'attention à sa descente d'avion à Roissy.







Dimitri Dragin (-60 kg, non classé) : "Je sais que j'ai le niveau"
« La déception est d’autant plus forte que j’étais très bien, sans doute plus en forme qu’à Paris. Je n’avais aucune appréhension vis à vis de mes adversaires. J’ai été prudent sur le premier combat et j’avais le second bien en main. J’ai juste fait une erreur. Au contraire j’étais peut-être trop confiant, j’ai voulu trop bien faire et je ne me suis pas laissé aller comme je sais le faire. La seule chose de positive, c’est que je sais que je suis au niveau. J’étais prêt pour ce championnat, concentré, clair sur ce que je devais faire, rigoureux. Quand je vois le podium, ce ne sont que des gars que j’ai en main (sic) ».

Benjamin Darbelet (-66 kg, 3e) : "Ma meilleure forme depuis longtemps"
« Franchement, ce championnat restera pour moi un bon souvenir car je n’ai pas eu d’aussi bonnes sensations depuis très longtemps, depuis avant les Jeux olympiques d’Athènes dont j’ai l’impression de me remettre seulement maintenant. Toute la journée je me sens très bien, je je bouge bien, je fais des choses que je faisais plus. Alors bien sûr je fais une erreur contre le Serbe. Le public ne m’a pas gêné, je m’y attendais et même cela me faisait penser à Bercy. Au contraire je me sentais bien. J’ai senti le Serbe au bout de sa résistance, commençant à baisser les bras et j’ai voulu aller trop vite, je me sus précipité. Le plus mauvais de la journée, pour moi, c’est plutôt la 3e place que j’ai franchement mal abordée sous le coup de la déception. Je m’en tire bien sur ce combat. »

Daniel Fernandes (-73 kg, non classé) "Pas assez intransigeant"
« Plus que de la frustration, je ressens de la colère envers moi-même. Il faut aller au-delà du sentiment négatif et être constructif. Cela peut être un mal pour un bien. Je fais le même constat qu’à Paris, je laisse passer des choses, je ne fais pas tout ce qu’il faut pour gagner. Mais quand je ramène une médaille, comme à Paris, la pilule est moins amère. La je prends une grosse claque, mais il n’y a rien de fondamentalement différent : je devais être intransigeant, je ne l’ai pas été. C’est dommage car je me sentais mieux que je ne l’ai jamais été contre cet adversaire que je n’aime pas beaucoup. L’envie, je n’en ai pas perdu une miette. Si c’était le cas, j’arrêterais tout de suite. Cela ne change pas ce que j’ai mis en place avec l’encadrement pour la suite. J’ai confiance dans ce que je fais. La tendance actuelle du judo ? Cela ne change rien pour moi. Je ne fais pas de la bagarre, mais du judo. C’est avec les techniques du judo que je me fais plaisir au quotidien et c’est aussi comme cela que je gagne. La question ne se pose pas ! C’est comme si tu demandais à un avant-centre de ne pas marquer de but. Moi je mets les mecs sur le dos, je ne construit pas mon judo autour du shido. Simplement, il faut que je sois encore plus vigilant maintenant. »

Alain Schmitt (-81 kg, non classé) "tout à refaire"
" Ce combattant, je ne le craignais pas. D'autant que je me sentais parfaitement en forme. J'aime marquer ippon et j'ai tenté de lui en mettre une sans vraiment combattre tactiquement. Je me déplace une fois dans la mauvaise direction et il me prend dans le temps. Après, impossible de revenir… J'étais sûr de ne pas être repêché. En posant les mains je me suis dit qu'il n'était pas très fort. Mais il me sort… Je vais regarder les combats et plus tard, ce sera le temps de l'analyse et de la remise en question. Tout est à refaire."

Nicolas Brisson (-90 kg, non classé) "Réfléchir à tout ça"
" je n'étais pas là. Je suis pourtant du genre difficile à faire tomber. Là les gars posaient leurs mains et lançaient et moi je tombais… Pourtant je ne me sentais pas stressé. Je ne sais vraiment pas. Il va falloir réfléchir à tout ça…"

Frédéric Demontfaucon (-100 kg, 3e) "j'aime ce challenge"
« Franchement je reste déçu par le premier tour. Je fais le combat et je ne crois pas mériter le shido. Le yuko, je ne suis pas sûr, il faudra revoir, mais je n’ai pas l’impression qu’il tente quoi que ce soit, mais plutôt qu’il se raccroche aux branches. J’avais beaucoup pensé à la victoire ces temps-ci et peut-être étais-je même trop confiant. Mais c’est ma première médaille européenne, ma première médaille en championnat officiel depuis 2001, en plus en -100 kg, alors je lui trouve beaucoup de saveur. J’ai eu un peu de mal à accepter la sélection, mais je sais aussi que les entraîneurs m’ont fait confiance à leur façon. J’aime ce challenge dans une catégorie supérieure. J’ai été élevé dans un esprit où les catégories ne comptent pas et où la technique peut dominer le poids et la force. À l’entraînement, je prends plaisir à aller chercher les plus lourds sans autre enjeu que de se tester les uns les autres. J’ai abordé cette compétition dans le même état d’esprit de défi. Aujourd’hui, en –100 kg, en –90 kg, il y a des sélections à aller, l’objectif, c’est d’aller aux Jeux tous ensemble. Dans quelle catégorie en ce qui me concerne, Il va falloir se poser la question. »

Teddy Riner (+100Kg, 1e) "j'ai fait attention à ne pas en prendre une"
« La médaille est plus petite que je l’imaginais, mais elle est belle ! C’est clair, je suis fier d’avoir gagné. Je ne réalise pas vraiment, chez moi, c’est plutôt le lendemain, mais en tout cas, ça y est, pour mon anniversaire, j’ai mon cadeau ! Sur le podium, j'ai fait attention à mettre main sur mon cœur pendant la Marseillaise, parce que c'est important et que j'avais promis à ma mère, mais je me suis un peu trompé de côté ! En finale, il était très dangereux avec ses mouvements de hanche et j’ai surtout fait attention à ne pas en prendre une. D’ailleurs toute la journée, ça a été comme ça. Une erreur, tu la payes cash ici. Je me libère vers la fin et je peux lui mettre ippon. Bien sûr j’avais la pression, car si tout le monde me dit que j’ai le temps, je ne voulais pas laisser mon beefsteak à d’autres, comme dit mon entraîneur et David [Douillet], lui m’a dit de prendre tout ce que je peux maintenant. Il m’a dit aussi que je lui avais mis un coup de vieux ! C’est gentil, mais je suis encore bien loin de son parcours. »

Frédérique Jossinet (-48 kg, 3e) : "Pas de panique"
« L’année dernière, je suis 3e en mettant des ippons et en prenant une bonne. Cette fois, je suis encore 3e, mais sais en être tombé une seule fois. Je ne crois pas que j’ai spécialement eu des difficultés à marquer, je prends deux « clientes » de suite, l’Allemande Baschin qui est une habituée des podiums et la Russe Bogdanova qui descend des –52 kg. C’était deux tours délicats. La demi-finale aurait dû être plus facile. Sur la décision, je ne sais pas trop ce qui se passe. Je n’ai pas l’impression d’avoir fait moins de judo qu’elle, qui a tendance à être un peut toujours à quatre pattes, au contraire. Les deux arbitres de coin se parlent et changent la décision du juge central, c’est comme ça… C’est la vie, c’est le judo. Il y a une belle échénace en septembre, encore du travail à faire, dans le sens de celui que j’ai déjà fourni pendant cette préparation, des petits ajustements : je me sens bien, mais je ne suis pas complètement lâché, il faudra voir pourquoi. Mais pas de panique ! ».

Audrey La Rizza (-52 kg, 2e) : "Une finale, cela ne se perd pas"
« Une finale, cela ne se perd pas… Mais cette Portugaise, je n’arrive pas à m’exprimer contre elle. Elle attaque toujours avant, elle accroche un bout du pied de nulle part et elle fait tomber comme ça. J’ai déjà travaillé tactiquement pour la contrer, il faut y retourner. On peut dire que son style ne me convient pas… mais je crois qu’il ne convient à personne. Je n’aime pas beaucoup les judo brouillons, avec elle ce n’est carrément pas du judo ce qu'elle fait. Enfin ce n’est pas ce que je veux dire… et puis elle est deux fois championne d’Europe, c’est qu »elle est forte. Mais disons que c’est son judo. Plus proche de la lutte, d’ailleurs je crois qu’elle vient de la lutte. Bon, plus tard, j’arriverai peut-être à me réjouir de cette finale, mais là… Disons que j’essaie de me souvenir que l’’année dernière que cela m’avait rendu triste. Là je suis triste pour une finale perdue, je sens bien que ce n’est pas la même chose… »

Barbara Harel (-57 kg, non classée) : J'ai "beugué"
"J'étais terriblement déçue, car cette Russe, je l'avais pris quelques temps plus tôt en tournoi et j'avais très bien géré techniquement tactiquement. Du coup, je ne sais pas trop ce qui m'a pris, je me suis dit que maintenant qu'elle me connaissait, j'allais changer d'approche. Je me suis présenté côté droit en avant, je l'ai laissé installé sa garde et par la suite je me suis enfonçée. J'ai "beugué" ! Je ne suis pas parvenu à comprendre ce qui se passait et à reprendre le fil. Je m'en veux terriblement, d'autant que je me sentais bien, comme les autres."

Lucie Décosse (-63 kg, 1e) "Je me suis mis dans la tête que j'étais une des meilleures"
" Enfin ! Enfin quand je dis enfin… Disons que depuis 2002, date de mon dernier titre européen, je commençais à désespérer. J'ai passé une journée bizarre. J'étais stressé, du coup beaucoup de choses sont remontés de loin, d'avant, quand j'avais peur de perdre. Mais j'ai pris les combaqts un par un en me disant que je ne pouvais pas perdre. Une petite étoile m'a suivie jusqu'au bout et voilà. Cela a été quand même une grosse journée, je sens que je suis de plus en plus attendue, je ne trouve pas l'ouverture tout de suite, et ce se sera de plus en plus le cas. Contre Scapin, cela n'a pas été facile et je suis content d'être allée la chercher. Dommage, je passe à côté des 5000 € de prime [pour une victoire par ippon à chaque tour] pour un waza-ari au premier tour, je ne pourrais pas aller faire la fête ce soir avec ! Je suis contente de cette victoire qui donne confiance. J'essaye toujours de donner le meilleur, je sais que je suis parfois un peu passive, mais je me suis mis dans la tête que j'étais l'une des meilleures de ma catégorie et je ne veux pas l'oublier. "

Gévrise Émane (-70 kg, 1e) "la bête noire d'Edith Bosch"
Deux titres de suite, c'est quelque chose de plus fort, une nouvelle position. c'est aussi la confirmation de mon travail qui me rend sereine pour passer désormais à la préparation de la suite. C'est bien car j'ai eu une saison en dent de scie, avec cette blessure à la côte qui m'a planté (sic). Cela a été la bonne décision de ne pas remonter trop tôt. C'était une belle journée où pour une fois je ne me suis pas posé trop de questions ! La seule chose qui me faisait peur en début de journée, c'est que je n'étais pas stressée ! J'ai dormi une demi-heure à la pose et j'ai bien rigolé avec Cathy [Fleury, entraîneur nationale] et Lucie. J'apprends à chaque fois à mieux gérer psychologiquement, ce sont de bonnes leçons. Un champion c'est convertir toutes les situations, qu'il soit bien ou pas, en quelque chose de positif. En finale, la Polonaise m'a un peu surprise au début avec son sode en bout de manches, mais heureusement j'ai des grosses cannes et je peux me baisser ! Quant à Edith Bosch, je commence à la prendre de mieux en mieux. Elle était ma bête noire, maintenant c'est moi.


Stéphanie Possamai (-78 kg, 1e) "montrer que j'étais leur égale"
« Je ne sais pas, je ne réalise pas, j’ai oublié si j’ai pleuré ou souri sur le podium, je ne sais même pas quoi vous dire… Je voulais absolument montrer qu’il y avait quelqu’un, une alternative derrière Céline Lebrun. On m’a laissé deux fois ma chance sur blessures de Céline, la première fois j’ai été mangé par le stress, cette fois je ne voulais pas refaire cette erreur. Cette fois, si j’ai eu peur, c’est de ne pas me sentir stressée ! Avec cette équipe exceptionnelle, on est porté. Je traîne tout le temps avec Lucie, Céline, toutes ces grandes filles et je me suis dit que j’étais leur égale et que je n’avais plus qu’à le montrer. La Russe, je la connaissais pour l’avoir battu au tournoi de Russie, alors je me suis dit que je ne pouvais pas perdre cette finale. La dernière attaque que je lui porte, je savais que je pouvais lui mettre pour l’avoir fait à l’entraînement. Alors j’ai tout donné dans les derniers secondes. J’ai lu dans l’Equipe que « Chichi » [Christophe Brunet, responsable des équipes de France féminines] a dit que si j’étais championne d’Europe, je faisais les championnats du monde. Je sais que ce n’est pas joué, mais mais moi j'aurais fait le maximum. »

Anne-Sophie Mondière (+78 kg, 1e) "j'ai la bonne combinaison"
« Je pense que c’est ma plus belle, parce que j’ai trois semaines de judo dans les jambes et une saison quasiment blanche. Alors c’est une façon de revenir qui me convient tout à fait ! C’est ma deuxième médaille d’or d’affilée, la quatrième avec les toutes catégories, ma sixième finale. Ça commence à faire ! J’ai trouvé la bonne combinaison de vitesse et de puissance, de judo et de tactique. En fonction des unes et des autres, je m’adapte. Sur la plupart je suis plutôt judo, mais contre la Néerlandaise qui est très technique, je fais différemment. Il y a encore du travail de toutes façons et, comme on se disait avec Frédéric Demontfaucon, je n’ai pas atteint encore le niveau technique que je souhaite atteindre avant la fin de ma carrière. Aujourd’hui [dimanche 8 avril], je retiens surtout la performance collective. Quelle journée ! »